L’engagement et le libre arbitre

 Il faut bien se rendre à l'évidence, la notion d'engagement n’a plus trop la cote aujourd’hui.

 

L’époque est au « tout, tout de suite », on cherche le résultat immédiat, que ce soit en politique où le ne fait plus que gérer des crises, ou dans la société qui a érigée le loisir comme unique source d’épanouissement, la vision à long terme n’est plus à la mode.

 

Loin de moi l’idée d’être moralisateur ou passéiste, le « c’était mieux avant » n’est qu’un fantasme de plus, cependant profitons de cet espace pour réfléchir un peu à cette notion d’engagement.

 

De mon point de vue, il est très important de faire la distinction entre l’engagement vis-à-vis d’autrui, l’engagement vis-à-vis de soi-même et comment cette valeur entre en conflit avec notre vision du libre arbitre.

 

L’engagement vis-à-vis d’autrui est une valeur fondatrice dans une société, un contrat (de travail, de vente, de mariage etc.) lie deux parties qui s’engagent l’un envers l’autre.

 

Mais que se passe-t-il si l’un des deux partis se rend compte que, ce pourquoi il s’est engagé ne correspond pas ou plus à ce qui était convenu au départ ?

 

Le fameux contrat ne devient-il pas un obstacle, voire une entrave pour celui qui s’estime lésé et se retrouve prisonnier de son engagement antérieur ?

 

C’est la notion même de liberté qui se trouve questionnée ici, et il est bien délicat de statuer sur les délimitations respectives des notions d’engagement et de liberté.

 

Tout ce que l’on peut dire c’est qu’il est bien utile de pouvoir faire confiance à un tiers qui s’est engagé vis-à-vis de nous, mais qu’en revanche, il est tout aussi primordial de pouvoir rompre un engagement lorsque l’on n’est plus aligné avec ce pourquoi l’on s’était engagé au départ.

 

La notion de liberté ayant pris un essor croissant (et c’est tant mieux) ces dernières décennies expliquent, seulement en partie j’en convient, la désaffection de notre société moderne pour le concept d’engagement.

 

L’engagement vis-à-vis de soi-même est plus complexe car il engage toujours plus de partis qu’il n’y paraît au premier abord. 

Prenons un exemple concret pour mieux comprendre :

 

J’ai été professeur de musique pendant de nombreuses années et je suis aujourd’hui professeur de Taichi et je rencontre souvent les mêmes comportements de la part de mes élèves.

 

Une personne s’inscrit en début d’année avec l’intention d’apprendre une discipline, elle est heureuse de démarrer une nouvelle activité, motivée et pleine d’entrain.

 

Cependant, assez rapidement, je lui donne des exercices à faire chez elle entre les cours (car il est impossible d’apprendre, ni la musique, ni le Taichi sans pratique personnelle) et les choses commencent à se gâter.

 

L’enthousiasme de départ se transforme alors en désillusion, avec son lot d’excuses de type :

Je ne savais pas que je devrais pratiquer seule, c’est difficile, je n’ai pas le temps, j’ai peur de faire mal, je n’y pense pas, je n’arrive pas à prendre du temps pour moi etc….

 

Dans ce cas j’explique en général ceci :

Lorsque tu es venu t’inscrire, est-ce que tu as répondu à un élan intérieur, ou était-ce une simple curiosité ?

C’est très important que tu sois honnête avec toi-même pour savoir quelle suite donner à cela.

 

-      Si tu étais simplement curieux de découvrir une nouvelle activité, ou si tu cherchais une activité de bien-être, alors je suis désolé de t’avoir induit en erreur. J’ai pourtant essayé d’être très clair sur mon site internet et dans mes présentations en début d’année. Le Taichi Chuan n’est pas une activité de bien être, c’est une voie de transformation, et comme toutes les voies authentiques, elle demande de la pratique et de l’engagement à long terme.

 

-      En revanche, si tu as répondu à un appel intérieur qui t’a poussé à venir t’inscrire, par ce que tu as senti que c’était important pour toi, c’est différent.

Sache qu’il y a plusieurs voix qui vivent à l’intérieur de toi et elles ne sont pas toutes dignes de confiance.

 L’une provient de ton être et te pousse à apprendre de nouvelles choses en sortant de ta zone de confort pour grandir, évoluer, te bonifier, te transcender.

L'autre provient du passé et cherche à te maintenir dans le confort du connu ou à te tirer vers le bas en te disant « à quoi bon, c’est trop dur, ce n’est pas pour moi… ».

Tu dois décider à qui tu donnes le pouvoir, car c’est toujours la voix négative qui parle plus fort dans la tête, la voie de l’être est plus subtile, elle s’exprime en termes d’impression, de sensations.

Si tu ne tranche pas, tu t’engages « par défaut » à suivre la voie dans ta tête.

En revanche, tu peux choisir de respecter l’élan intérieur qui t’a poussé à venir ici et t’engager envers lui.

Ne t’engage pas envers moi, mais envers TOI !

 

Vous l’aurez compris, à travers cet exemple, j’essaie d’illustrer que l’on ne peut pas ne pas s’engager dans la vie.

Soit c’est un engagement inconscient envers son personnage et son mental, soit c’est un engagement conscient envers son être.

 

Il est juste là le fameux LIBRE ARBITRE.

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