De la profondeur du tuishou

A mon sens, le Tuishou représente l’approche la plus complète et la plus concrète dans une démarche de connaissance de Soi.

En effet, cette pratique développe des qualités corporelles, psychologiques, énergétiques et humaines très poussées, certains parlent même d’une dimension spirituelle.

Présentation

Le Tuishou se pratique avec un partenaire (ou adversaire) dans un contact préétabli (souvent au niveau des avant-bras pour commencer) et les coups sont proscrits. Le but du jeu est de déstabiliser l’autre en le poussant ou en le tirant (sans toutefois saisir les vêtements).

Je n’expliquerai pas plus avant les règles du Tuishou car ce n'est pas l’objectif de cet article, cependant je me dois de préciser que ce que je vais développer ici ne concerne pas la compétition (hé oui, il existe également du Tuishou de compétition).

État des lieux

Soyons clairs, lorsqu’un enseignant de Taichi voit arriver un nouvel élève dans son cours, il constate, dans la grande majorité des cas, des tensions musculaires et mentales voir une grande raideur, un manque d’équilibre et d'ancrage liés à notre mode de vie occidental.

J’ai l'habitude de dire à mes élèves « vous arrivez ici avec trop d’énergie accumulée dans le haut du corps (mental, épaules, bras), le bassin fixé et rien en bas. Mon job va consister à vous faire retrouver de l’ancrage en bas (membres inférieurs), du relâchement en haut (membres supérieurs) et de la mobilité entre les deux (au niveau du bassin) ! ».

Qualités

Les qualités principales que l’on cherche à développer pour devenir un bon pratiquant sont :

-       Le relâchement

-       La structure

-       L’enracinement

-       La mobilité

Allons plus loin

J’entends parfois de la bouche de pratiquants de Taichi une phrase qui ressemble à ça :

Je ne vois pas pourquoi je ferais du travail à deux, je suis pacifique et je n’ai pas l’intention de me battre ! 

Rassurez-vous, ce n’est pas mon intention non plus, j’ai passé l’âge et m’entraîner pendant 25 ans dans l’hypothèse de savoir me défendre si j’étais attaqué dans la rue n’est absolument pas ma motivation.

Simplement, l’avantage du travail à deux c’est qu’on ne peut pas se mentir !

En ce qui concerne l’enracinement par exemple, il est facile de s’illusionner parce que l’on a fait telle ou telle pratique pendant des années, mais cela peut être balayé en quelques secondes dès qu’un partenaire vous pousse.

Pourquoi pratiquer et enseigner un art martial interne ?

Qui que nous soyons et quel que soit notre mode de vie, nous avons un corps, un mental et un système de survie (égo) pour protéger tout ça. C’est l’héritage d’un passé lointain, notre cerveau reptilien a gardé ces réflexes archaïques de fuite ou de lutte face au danger.

Lorsque nous sommes au contact de personnes ou de situations qui nous « touchent » émotionnellement, c’est le système de survie qui prend la main. Que vous en ayez conscience ou pas, dîtes-vous bien que c’est le cas dans la grande majorité de nos interactions quotidiennes.

Ainsi, selon votre personnalité ou le rapport de force, devant chaque interaction vous aurez une tendance à réagir en excès de Yin (subir, mou, fuite, victime) ou en excès de Yang (prendre le pouvoir, lutter, tendu, dur, contrôlant, bourreau).

 

Le Tuishou offre une voie d’équilibre entre le Yin et le Yang que l’on appelle Zhon Ting.

Corporellement, elle se traduit par un relâchement musculaire profond yin (quelle que soit l’action du partenaire) sur une structure osseuse solide yang.

Face à une poussée générée par mon partenaire (ce qui, pour mon système interne est équivalent à une stimulation émotionnelle générée par mon quotidien), je ne subis pas, je ne m’oppose pas mais j’accueille son énergie dans un « relâchement structuré » pour mieux la transformer.

 

Le Graal pour tout pratiquant étant ce que l’on nomme Wu Wei, il en existe de nombreuses traductions/interprétations mais je le transcrirais ici par action sans égo.

Evidemment, cela ne se fait pas en quelques mois, c’est une direction, un chemin, une Voie

Précision

Cette vision et cette réflexion autour du Tuishou m’est personnelle, je ne détiens aucune vérité.

Simplement, c’est ce qui me passionne dans cet art et c’est comme cela que je l’enseigne.

Il me paraît important de rester humble devant cette Voie et j’ai conscience que ma pratique va encore s’étoffer et se transformer dans les années à venir, il sera temps alors d’écrire un autre article à ce sujet.

 

David Banchereau

Association "La cinquième voie"

5 Rue Guy Pabois,

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